mercredi 28 octobre 2015

Nous les menteurs, E.Lockhart

E. LOCKHART, Nous les menteurs, Gallimard jeunesse, 2015

Le résumé


Cadence Sinclair a tout pour être heureuse : elle vient d'une famille riche à la tête de laquelle se place un grand-père qui l'adore étant donné qu'elle est la première petite-fille de la famille. Chaque année, Cadence et ses parents se rendent sur l'île familiale et retrouvent ainsi le reste des Sinclair. Mais à l'été quinze, tout ne se passe pas comme prévu, les parents de Cady se séparent et les relations familiales battent de l'aile. Et puis, un accident survient...Cadence se réveille et ne se souvient de rien. Que s'est-il passé? Pourquoi personne ne lui donne-t-il de nouvelles? Pourquoi l'envoie-t-on en Europe pendant les vacances à la place de la laisser retourner sur l'île? Et si la vie rêvée de Cadence n'était pas si parfaite que ça? Parce que non, l'argent et le luxe ne font pas tout...
 
 
 
 
 
 

 Mon avis de lectrice

 
Quel roman saisissant et émouvant! Je l'ai terminé en ce début de soirée et j'ai dû retenir mes larmes pour éviter de pleurer dans le train et d'avoir l'air d'une folle ( en même temps, dans le train, il y en a pour tous les goûts). En tout cas, ce livre m'a énormément plu et surtout, il m'a émue, surtout grâce à la fin très surprenante: jamais je n'aurais imaginé cette conclusion qui est loin d'être niaise. L'auteur a réussi à créer une fin qui nous prend au cœur et, je me suis dit, zut, pour une fois, j'aurais aimé que ça se termine bien. Sans vouloir spolier, attendez-vous à être étonné par la fin et surtout très triste voire en colère que l'auteur puisse terminer son histoire de la sorte. Personnellement, j'aime les histoires qui ne se terminent pas trop bien, mais j'avoue qu'ici, Madame Lockhart a fait fort.
 
Concernant l'histoire, j'avais peur de m'ennuyer - car au final, on ne fait que suivre Cadence dans sa vie et ses tentatives pour retrouver sa mémoire - mais pas du tout, je me suis attachée au personnage et même si parfois elle se plaint beaucoup, on la comprend et on compatit, encore plus quand on arrive au bout du roman. Ce roman m'a un peu fait penser à Dallas et Aux feux de l'amour dans le sens où on suit une famille riche qui dépend financièrement d'un patriarche aux pouvoirs suprêmes. On le sent bien: Harris a mainmise sur toutes ses filles et petits-enfants; chacun doit lui prouver son amour, ses valeurs et sa fidélité envers la famille pour espérer un héritage et Harris en profite, inconsciemment, du moins c'est ce qu'on imagine, il fait en sorte que ses filles se déchirent pour l'héritage et que chacune lui prouve son attachement à la famille. De plus, ses filles dépendent complètement de lui, elles sont effrayées à l'idée qu'il les déshérite parce qu'aucune n'a de vrai job et  l'une des trois refuse même d'épouser l'homme qu'elle aime parce qu'elle sait que son père n'approuverait pas. Il n'y a rien à faire, Harris a tout d'un Victor Newman, excepté les conquêtes féminines. 
 
Certes cette comparaison s'arrête au comportement d'Harris et je ne voudrais pas vexer l'auteur en comparant son histoire avec cette série-télé, parce que l'histoire d'E. Lockhart a un sens, une réelle profondeur: Cadence souffre de culpabilité, d'un mal-être intérieur qu'elle ne réussit à saisir qu'une fois sa mémoire retrouvée. Et puis, on entre dans les histoires des familles riches, respectées de tous; on pourrait croire que tout est magnifique, que la vie est belle et pourtant! L'argent déchire, la jalousie aussi, seule une tragédie permet aux sœurs de se rapprocher et encore, se rapprocher oui, mais chacune a un vice : l'alcool, la maniaquerie, le somnambulisme. Le pire c'est que si la situation avait été différente, il est certain que la fin n'aurait pas été la même et ça, les filles d'Harris le savent. Si elles n'avaient pas cherché à faire de leurs enfants de parfaits petits-enfants avides et suppliant leur grand-père à la place de leur mère, ce qui se déroule à la fin, ne serait pas arrivé. L'auteur nous laisse des messages : faire preuve d'un peu plus de gentillesse, c'est que dit Mirren à Cadence et surtout, que l'argent ne fait pas le bonheur. Au contraire, ici, c'est lui qui est la cause des malheurs.
 

Mon avis de prof

Dès que Gallimard sort ce livre en poche, je l'inclus dans mon cours. Il est tellement complexe et fait passer tant de messages que j'en ferai une lecture en classe avec mes élèves afin de les suivre dans cette lecture et de pouvoir, avec eux, analyser et discuter de toutes les richesses du roman. De plus, j'aurais hâte de savoir ce que les élèves penseraient de la fin, car je suis certaine qu'ils ne s'y attendraient pas. C'est dommage qu'il ne soit disponible qu'en grand format, parce que si j'avais pu, je l'aurais déjà fait acheter à mes élèves de deuxième année secondaire qui sont de bons lecteurs afin de le lire avec eux. Je le conseillerai pour des 3e secondaire voire des 2e très bons lecteurs, car ce n'est pas un livre facile: rempli de magnifiques métaphores et de pistes de réflexion sur l'argent, le bonheur, la famille et j'en passe. Bref, un petit chef-d'œuvre que je conseille à tous mes collègues de français! Et aux autres aussi d'ailleurs!


1 commentaire:

  1. Un beau début pour ton blog puis que tu t'attaques à un sacré morceau : ce roman est en effet très puissant.
    J'ai moi aussi beaucoup aimé les métaphores en formes de contes, auxquelles, je pense, tu fais allusion.
    Il est propice à l'étude littéraire / scolaire car il suit beaucoup des codes des cours d'écriture américains et, à mon avis, tu trouveras beaucoup de choses à dire et faire dire à tes élèves, si tu as l'occasion de le lire avec eux.
    Bel article ! A bientôt

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